chemin de montagne

Rencontre salésienne du 15 avril 2024

« TIRER CHEMIN » AVEC ST PAUL ET ST FRANCOIS DE SALES

Du combat spirituel

Continuons d’avancer sur le chemin de la sainteté – à laquelle nous sommes tous appelés – avec saint François de Sales ; nous savons combien il s’appuyait sans cesse sur l’Ecriture en y faisant référence. Tout en poursuivant le chemin avec notre guide, accueillons également quelques paroles du grand apôtre saint Paul.
Le temps du carême – pas encore très loin – étant toujours un temps d’entraînement dans le bien, laissons, en ce début du temps pascal, nos deux saints nous parler du combat spirituel qui, de toute manière, fait partie de notre vie de chaque jour. Voici donc, pour commencer, cette citation de saint Paul : « Vous savez bien que, dans le stade, tous les coureurs participent à la course, mais un seul reçoit le prix. Alors, vous, courez de manière à l’emporter. Tous les athlètes à l’entraînement s’imposent une discipline sévère ; ils le font pour recevoir une couronne de laurier qui va se faner, et nous, pour une couronne qui ne se fane pas. » (1ère lettre de saint Paul aux Corinthiens, 9, 24-25)

Dans une belle page destinée à Philothée (donc chacun de nous !) saint François de Sales n’est pas ne reste pour nous encourager et nous montrer en quoi consiste, la plupart du temps, le combat spirituel : « Les fleurs, dit l’Epoux du Cantique des Cantiques (2, 12), ont éclos dans la campagne, le temps d’émonder et de tailler est venu. » – Les fleurs de nos cœurs, ne sont-ce pas nos bons désirs, ô Philothée ? Sitôt qu’ils naissent, il faut le sécateur pour libérer notre conscience de ses péchés et de tout ce qui l’encombre. (…)

Dans cette entreprise, ô Philothée, il faut donc se montrer à la fois courageuse et patiente. Hélas ! quelle pitié, n’est-ce pas, de voir des âmes qui sont déjà bien introduites dans la vie spirituelle mais qui, se voyant encore imparfaites sur tel ou tel point, s’en inquiètent, se troublent, se découragent, et sont tentées de tout abandonner et de retourner en arrière. Mais, inversement, ne courent-elles pas un grand danger celles qui se figurent avoir été purifiées de toutes leur imperfections en un seul jour, qui se tiennent pour parfaites presque avant que d’avoir été faites, et qui veulent voler alors qu’elles n’ont point d’ailes ? (…)

La purification de notre âme ne s’achèvera qu’avec notre vie. Par conséquent, ne nous inquiétons pas de nos imperfections ; car notre perfectionnement consiste précisément à las combattre. Et saurions nous les combattre sans les connaître, et les vaincre sans les affronter ? Notre victoire ne consiste pas à ne pas les sentir, ces imperfections, mais à ne pas y consentir. Or, si j’en souffre, c’est que je n’y consens pas. Pour notre humilité, il est bon que nous soyons parfois blessés dans le combat spirituel. Mais tant que nous vivrons et ne perdrons pas courage, nous ne serons pas vaincus. Car les imperfections et les péchés véniels ne sauraient nous priver de vie spirituelle, puisque celle-ci ne se perd que par le péché mortel. Il reste donc seulement qu’elles ne nous fassent point perdre courage… N’est-il pas heureux qu’en ce genre de guerre nous soyons toujours vainqueurs pour peu que nous consentions à combattre ? » (VD, première partie, chap. 5)

Le combat se livre en nous

Dans une lettre à une de ses Visitandines, notre saint fait une fine analyse de ce combat qui se livre parfois en nous. Nous n’en citerons que quelques phrases, mais bien utiles aussi pour nous :
« Ma chère Fille, écrit-il, relevez fort votre courage, armez-vous de la patience que nous devons avoir avec nous-même. Réveillez souvent votre cœur afin qu’il soit un peu sur ses gardes (à ne se laisser pas) pour ne pas se laisser surprendre ; soyez un peu attentive à cet ennemi ; où que vous mettrez le pied, pensez à lui, si vous voulez, car cette mauvaise fille est partout avec vous, et si vous ne pensez à elle, elle pensera quelque chose contre vous. Mais quand il arrivera que de sursaut elle vous attaque, encore qu’elle vous fasse un peu chanceler et prendre quelque petite entorse, ne vous fâchez point, mais réclamez Notre-Seigneur et Notre-Dame : ils vous tendront la sainte main de leur secours, et s’ils vous laissent quelques temps en peine, ce sera pour vous faire « à nouveau » réclamer et crier de plus fort à l’aide.N’ayez point honte de tout ceci, ma chère Fille, non plus que saint Paul, qui confesse qu’il avait deux hommes en soi, dont l’un était rebelle à Dieu et l’autre obéissant… (EA XVI, 242-243)

Le combat spirituel ne se fait pas sans notre volonté

Ce combat, qui se fait toujours dans la plus grande liberté intérieure, ne peut se faire sans l’apport de notre bonne volonté. Alors, l’Esprit-Saint peut agir en nous. Voici comment François de Sales s’adresse à ses auditeurs lors d’un sermon :
« L’esprit – qui est le donjon de l’âme – demeurant retiré en soi-même, ne craint rien, pourvu qu’il soit accompagné de ses trois soldats : l’entendement, la mémoire et la volonté. Le monde, le diable et la chair ayant bandé (uni) toutes leurs forces contre lui ne peuvent aucunement l’épouvanter ; ils brouilleront bien quelque chose, se servant des autres facultés de l’âme, mais pourtant, en vertu de la paix que Notre-Seigneur nous a acquise, ils ne sauront nullement lui nuire. Si l’esprit vit en bonne intelligence avec ces trois serviteurs, il se moquera toujours de ses ennemis et ils resteront vaincus. » (EA IX, 295-296)

Ce combat durera toute notre vie

François de Sales est bien conscient que, tout au long de notre vie, nous aurons à mener ce combat. Mais il nous donne des conseils judicieux pour le mener avec confiance et dans la paix. Voilà quelques paroles tirées d’une lettre dont nous pouvons faire, nous aussi, notre profit :

« L’amour propre, l’estime de nous-mêmes, la fausse liberté de l’esprit, ce sont des racines qu’on ne peut bonnement arracher du cœur humain, mais seulement on peut empêcher la production de leurs fruits, qui sont les péchés ; car leurs élans, leurs premières saillies, leurs rejetons, c’est-à-dire leurs premières secousses ou premiers mouvements, on ne peut les empêcher tout à fait tandis qu’on est en cette vie mortelle, bien qu’on puisse les modérer, et diminuer leur quantité et leur ardeur par la pratique des vertus contraires, et surtout de l’amour de Dieu. Il faut donc avoir patience, et petit à petit amender et retrancher nos mauvaises habitudes, dompter nos aversions et surmonter nos inclinations et humeurs selon les occurrences ; car en somme, ma très chère Fille, cette « vie est une guerre continuelle …Jetez maintes fois la journée tout votre cœur, votre esprit et votre souci en Dieu (Ps 54,23) avec une grande confiance, et dites-lui avec David : « je suis vôtre, Seigneur, sauvez-moi ». (Ps 118, 94)(…) Ne vous étonnez jamais de vous voir misérable et comblée de mauvaises humeurs. Hélas, traitez votre cœur avec un grand désir de le perfectionner ; ayez un soin infatigable pour doucement et charitablement le redresser quand il bronchera. (EA XVII, 160-161)

Gardons donc bon courage, avançons dans la joie, la paix et la force que nous donne l’Esprit-Saint !