Rencontre salésienne du 12 février 2024

QUAND SAINT FRANCOIS DE SALES NOUS PARLE DE LA CONFESSION

(suite des précédentes rencontres salésiennes)

Aujourd’hui je voudrais commencer par partager à tous le bonjour de Mme Cuénin, Mme d’Alincourt, Mme George, Mme Grangé, Mme Gruet, Mme Robin… Empêchées de venir à notre rencontre, elles ne nous oublient pas dans leur prière. Nous les assurons de la nôtre !

Poursuivons encore ce vaste thème du sacrement du pardon, aidé en cela par notre grand saint. Nous le savons, il tenait ce sacrement en haute estime et y recourait fréquemment lui-même. Voici donc encore quelques citations glanées dans ses œuvres ; on pourrait y trouver bien d’autres encore, évidemment.

Recevoir le pardon de nos péchés : une grande grâce

Que ce sacrement, chaque fois, est source de grâces, saint François de Sales en est persuadé. Sa longue expérience au service des âmes le lui a fait toucher du doigt. « … Vous ne sauriez croire, assure-t-il, le grand profit qu’il y a en ce Sacrement pour les âmes qui y viennent avec l’humilité requise. » (EA VI, 276)

Et voici ce conseil à ‘Philothée’, précieux aussi pour chacun de nous : « … soyez attentive : ouvrez les oreilles de votre cœur, écoutez en esprit les paroles de l’absolution que le Sauveur de votre âme, assis sur le trône de sa miséricorde, prononcera dans le ciel en présence des anges et des saints, en même temps qu’en son nom, le prêtre vous absoudra. Les bienheureux se réjouiront avec vous ; ils chanteront un cantique d’action de grâce, avec une allégresse sans pareille. Tous vous donneront le baiser de paix qui marquera votre communion avec eux puisque votre cœur aura été sanctifié, et remis dans la grâce de Dieu.  » (EA III, 1ère partie, chap. 21) Y pensons-nous parfois, que les saints du ciel se réjouissent quand notre cœur est sanctifié par la grâce d’un sacrement ? Et que signifie « remis dans la grâce de Dieu », sinon que l’amour de Dieu peut à nouveau pleinement se déployer dans notre cœur ! Oui, c’est chaque fois une grande grâce et il ne tient qu’à nous, que notre cœur soit de plus en plus habité par l’amour de Dieu.Tout cela est un effet de l’infinie miséricorde de Dieu à notre égard. Voici comment Jésus en parlait à sainte Faustine : « … parle au monde entier de mon inconcevable Miséricorde. Je désire que la Miséricorde soit le recours et le refuge pour toutes les âmes, et surtout pour les pauvres pécheurs. En ce jour les écluses de ma miséricorde sont ouvertes. Je déverse tout un océan de grâces sur les âmes, qui s’approcheront de la source de ma Miséricorde… Qu’aucune âme n’ait peur de s’approcher de moi, même si ses péchés sont comme l’écarlate. Ma Miséricorde est si grande que, pendant toute l’éternité, aucun esprit, ni humain ni angélique, ne saurait approfondir tout ce qui est sorti des profondeurs de ma Miséricorde. » (…) (Petit Journal de Sr Faustine ; § 698) C’est dans notre regard plein de confiance, notre regret, notre recours au sacrement du pardon, que nous pouvons accueillir pleinement cette miséricorde de Dieu qui dépasse tout ce que nous pouvons nous imaginer. Comment ne pas nous approcher de cette source ?

La pénitence

Et voici un éclairage bien pertinent au sujet de la « pénitence » que le prêtre nous donne habituellement, après la confession : « Quand nous allons nous confesser, le prêtre nous donne une pénitence. Non pas pour que nous payons le prix du pardon – il est gratuit – mais pour inverser en nous la pente du péché, pour redresser un tant soit peu l’inclination au mal que le péché a accentuée, pour réparer les dégâts commis en nous et hors de nous par notre péché. » (Guillaume de Menthière – La nécessaire conversion – Jamais trop tôt, jamais trop tard, p.56)

Après la confession : rendre grâce

Après la confession, nous dit saint François de Sales, voilà le moment d’une grande action de grâces : « … Après la confession il n’est pas temps de s’examiner pour voir si on a bien dit tout ce que l’on a fait, mais c’est le temps de se tenir attentif auprès de Notre-Seigneur en tranquillité, avec lequel nous nous sommes réconciliés, et lui en rendre grâces de ses bienfaits, n’étant nullement nécessaire de faire la recherche de ce que nous pourrions avoir oublié… ». (EA VI, 259)

Prendre soin de notre vie spirituelle

Et voici un conseil sage que nous adresse notre guide : (…) « Notre nature humaine est sujette à l’inconstance… C’est pour cela , chère Philothée, que vous avez besoin de reprendre souvent votre décision de servir Dieu. (…)

« Il n’y a point d’horloge si excellente que nous ne devions remonter deux fois le jour. Outre cela, chaque année, on doit en démonter les pièces, en ôter la rouille, redresser les tordues, et réparer celles qui sont usées. Ainsi celui qui a un vrai soin de son âme doit, pour ainsi dire, la remonter en Dieu, matin et soir, par les exercices spirituels dont nous avons parlé. De plus, il doit souvent considérer son état et redresser ce qui doit l’être ; enfin, une fois par an, il doit tout démonter, tout examiner avec soin afin de déceler les attachements et les passions de son cœur, les défauts qu’il a conservés ou qu’il a pu prendre. Et comme l’horloger huile les différentes pièces pour les protéger de la rouille et faciliter leur mouvement, ainsi, le vrai spirituel, après avoir ainsi passé en revue les parties de son cœur, y verse l’huile des sacrements de la confession et de l’eucharistie. Cette pratique renouvellera vos forces, émoussées par le temps, réchauffera votre cœur, affermira votre détermination, et de nouvelles vertus fleuriront en vous. » (Introd. Vie dévote, V, 1 – Mis en français contemporain par le P. Didier-Marie Proton // Pour l’examen de conscience, voir dans cette 5ème partie les chapitres 4 à 7)

Oui, il nous faut garder confiance et courage dans le combat spirituel, car « la purification de notre âme ne s’achèvera qu’avec notre vie. Par conséquent, ne nous inquiétons pas de nos imperfections , dit notre saint ; car notre perfectionnement consiste précisément à les combattre. Et saurions-nous les combattre sans les connaître, et les vaincre sans les affronter ? Notre victoire ne consiste pas à ne pas les sentir, ces imperfections, mais à ne pas y consentir ». (EA III, 1, 5) Nous l’avons compris, c’est le travail de toute notre vie ; mais la grâce de Dieu nous accompagne et fortifie.

Et saint François de Sales lui-même ?

Voici deux confidences, parmi d’autres, qui nous montrent l’estime qu’il a – et qu’il sait inspirer – envers le sacrement de la confession : « (Je pars) à Chambéry, où le Père recteur des Jésuites m’attend, pour me recevoir ce cinq ou six jours de Carême, que j’ai réservés pour rasseoir mon pauvre esprit tout tempêté d’affaires. Là, je prétends de me revoir partout, et remettre toutes les pièces de mon cœur en place, à l’aide de ce bon Père éperdument soucieux de moi et de mon bien. » (EA XII, 139 – Lettre à Jeanne de Chantal)

« Votre envoyé pourra vous dire qu’hier, universellement, toute cette aimable famille (les membres de sa propre famille) vint vers moi à confesse en notre petite chapelle, mais avec tant de piété que l’on eût dit qu’il y avait un Jubilé d’année sainte à gagner… » (EA XIII, 348 – Lettre à Jeanne de Chantal, Sales, 1606 ou 1607)

En conclusion : nous sommes aimés d’un amour sans limites

Nous pourrions citer ici beaucoup de paroles de notre Saint. Méditons simplement celles-ci ; elles ne demandent aucun commentaire : … « Théotime ! Théotime ! le Sauveur nous connaissait tous par notre nom et notre prénom. Mais qui plus est, à l’heure de sa passion, offrant ses larmes, ses prières, son sang, sa vie pour tous – pour vous en particulier – il lançait à son Père ces pensées d’amour : « Ô Père éternel, je prends sur moi tous les péchés du pauvre Théotime, je m’en charge en souffrant tous les tourments et la mort, afin qu’il en soit quitte, qu’il ne périsse point et qu’il vive. Que je meure, pourvu qu’il vive ; que je sois crucifié, pourvu qu’il soit glorifié ! » Ô amour souverain du cœur de Jésus, quel cœur, jamais, te bénira avec assez de tendresse ? » (TAD, Livre 12, chap. 12)