Rencontre salésienne du 22 mai

PETITES PARABOLES SALESIENNES POUR UNE AUTHENTIQUE VIE SPIRITUELLE

12 – Quand les oiseaux nous enseignent la vertu (suite)

Aujourd’hui encore nous voulons poursuivre avec quelques images que nous donne saint François de Sales pour mieux nous faire prendre conscience que nous avons, chacun, notre vie intérieure à cultiver et donc, à tendre vers la sainteté.

Revenir à Dieu sans cesse

« Voilà, ma Philothée, comment l’on tire de bonnes pensées et de saints désirs devant le spectacle si varié de la vie qui passe. (…) « J’ai pris l’habitude, disait saint Grégoire de Naziance, de faire concourir toutes choses à mon profit spirituel. » – Lisez l’éloge que saint Jérôme fit de Paule, sa sainte amie. Il fait beau voir comment il est tout parsemé des pensées édifiantes et des saintes aspirations que suscitait en elle n’importe quelle circonstance.
Or, c’est dans cette forme de prière, et dans l’habitude de vous retirer souvent en vous-même que gît la pratique essentielle de la vie spirituelle. »
(VD 2ème partie, chap. 13)
A premier abord, cette parole qui précède pourrait nous surprendre ; nous pourrions nous dire : n’y a-t-il pas des actions ou des circonstances plus ‘élevées’ pour cultiver la vie spirituelle ? Certes, nous pouvons penser aux sacrements, à la prière proprement parlé, comme l’adoration, par exemple, etc. Mais cela, nous ne pouvons pas le faire – ou y participer – tout au long de la journée. Tandis que ces petites prières spontanées qui élèvent notre âme et la plongent, pour ainsi dire, en Dieu, ces ‘aspirations’, nous pouvons les faire cent fois le jour, à n’importe quel moment et en n’importe quel lieu. Quand nous en prenons l’habitude, elles nous conduisent peu à peu à la prière continuelle. François de Sales le savait bien et voilà pourquoi il recommande tant cette pratique à Philothée. Rappelons en passant que ‘Philothée’ signifie l’âme chrétienne en quête de la perfection et de la vraie dévotion (vie spirituelle).Nous en sommes donc bien concernés !

Rencontrer Dieu partout, comme les oiseaux, en volant, rencontrent l’air

C’est toujours à Philothée que l’évêque de Genève écrit les lignes suivantes et tout aussi importantes :

« … pensez à ce que Dieu fait et à ce que, vous, vous faites. Vous constaterez que son regard est toujours tourné vers vous, perpétuellement fixé sur vous par l’amour incomparable qu’il vous porte. « O Dieu, pourquoi ne suis-je pas toujours tournée vers vous comme vous l’êtes vers moi ? Pourquoi pensez-vous si souvent à moi, et moi si rarement à vous ? Où sommes-nous, ô mon âme ? Notre vraie place n’est-elle pas en Dieu ? Où sommes-nous donc ? »
« Comme les oiseaux ont des nids pour s’y blottir ; comme les cerfs ont les buissons pour refuge, et, en été, l’ombre des taillis pour s’abriter du soleil, – ainsi, Philothée, notre cœur doit choisir chaque jour un lieu où il se tiendra près de Notre-Seigneur : le calvaire, ou ses plaies, ou quelque endroit de lui-même où le trouver. Vous saisirez toutes les occasions de vous y retirer. Vous y serez comme dans une citadelle, reprenant souffle au milieu des affaires, et vous protégeant des tentations.Bienheureuse l’âme qui pourra dire en vérité à Notre-Seigneur : « Vous êtes la maison fortifiée qui me sauve, mon rocher, mon rempart (Ps 30, 3-4), mon abri contre la pluie, un ombrage contre l’ardeur du midi. » (Si 34, 19) (VD 2ème partie, chap. 12)

François de Sales multiplie les exemples et les images pour nous faire prendre conscience de ‘Dieu toujours présent’. Aussi, écrit-il :
« Où que les oiseaux volent, ils rencontrent l’air : où que nous soyons, Dieu est présent. Tout le monde sait cela ; pourtant bien peu y prêtent attention. Les aveugles, avertis de la présence d’un prince, et bien qu’ils ne le voient pas, se tiennent respectueusement. Mais comme ils ne le voient pas, ils oublient facilement sa présence et en relâchent d’autant leur maintien. Hélas ! Philothée, nous ne voyons pas Dieu, et pourtant il est là. La foi nous assure de sa présence, mais nous ne le voyons pas de nos yeux. Si bien qu’il nous arrive de n’y plus songer, et de nous comporter comme s’il était loin. Nous savons bien qu’il est présent partout, mais comme nous n’y pensons pas, c’est comme si nous ne le savions pas…
Lorsque vous vous mettez en prière, il faut donc dire de tout cœur à votre cœur : Ô mon cœur, mon cœur, Dieu est vraiment là ! (VD 2ème partie, chap. 2)

Ces paroles, ne nous font-elles pas penser à saint Augustin alors qu’il était en profonde recherche de Dieu et qui, finalement, a pu dire : « Mais toi, tu étais plus intérieur que l’intime de moi-même et plus haut que le plus haut de moi-même » (III, VI, 11)

Ce que François de Sales enseigne à Philothée, il le vit d’abord lui-même ; une confidence, dans une lettre à la Mère de Chantal, le confirme : « Ô mon Dieu, ma très chère Mère, que j’ai été aise ce matin de trouver mon Dieu si grand que je ne pouvais seulement pas assez imaginer sa grandeur ! Mais puisque je ne puis le magnifier ni agrandir, je veux bien, Dieu aidant, annoncer partout sa grandeur et immensité. Cependant, cachons doucement notre petitesse en cette grandeur ; et, comme un petit poussin tout couvert des ailes de sa mère demeure en sûreté et tout chaudement, reposons nos cœurs sous la douce et amoureuse providence de Notre Seigneur, et abritons-nous chaudement sous sa sainte protection ». (EA XX, 134)


Comme la colombe de l’arche de Noé

Une autre pensée de saint Augustin pourrait introduire ce paragraphe : « Tu nous as faits pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne demeure en toi. » François de Sales, avec d’autres paroles, nous dit bien la même chose : « Notre cœur s’empresse auprès des créatures, dans lesquelles il pense pouvoir satisfaire ses désirs. Mais les a-t-il atteints, qu’il en cherche d’autres, car aucun ne peut le combler. Dieu ne veut pas que notre cœur trouve quelque endroit de ce monde où il pourrait se reposer, – comme la colombe de l’arche de Noé (Gn 8, 9), afin qu’il revienne à ce Dieu dont il est sorti. La nature de notre âme est si belle, pourquoi alors, contre son gré, l’obliger à servir les créatures ? – (…) Tenez haut votre âme sur ces pensées élevées ; persuadez-la qu’elle est éternelle et digne de l’éternité ; exhortez-la au courage pour y parvenir. » (VD 5ème partie, chap. 10)

N’entendons-nous pas « à l’arrière-plan », ces paroles de Jésus ? : « Comme le Père m’a aimé, moi aussi, je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour. – Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme moi, j’ai gardé les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour. – Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite. » (Jn 15, 9 – 11)

Comme un délicieux concert d’oiseaux…

Pour conclure, voici encore une de ces merveilleuses paroles de notre saint qui encouragera notre prière : « Celui qui, le matin, écouterait longuement, d’un proche bosquet, le chant délicieux des oiseaux : serins, linottes, chardonnerets, et qui entendrait tout à coup la mélodie parfaite de l’admirable voix d’un maître rossignol, ne préférerait-il pas ce seul chant à tous les autres ? Ainsi, lorsque l’on a entendu toutes les louanges que tant de différentes créatures font monter vers leur Créateur, et que l’on entend ensuite celle du Sauveur, on lui découvre une douceur, une portée, une perfection infinie, qui dépassent tout ce que le cœur aurait pu concevoir. (… )
Oh ! quelle joie en nos cœurs quand nos voix unies à celle du Sauveur participeront aux louanges infinies que le Fils bien-aimé fait monter vers le Père. » (TAD 5, 11)

N’attendons pas l’éternité pour unir notre louange et notre prière à celle de Jésus. Dès maintenant, demandons-lui de prendre notre prière dans la sienne pour la présenter au Père comme nous le faisons à chaque Eucharistie !Belle fête de Pentecôte ; que ce Souffle d’Amour vivant vous comble ! Et belles semaines d’été !